Isabelle Jarjaille était l’invitée de l’émission 3 en 1, sur CanalB, le 19 novembre 2025. Au moment où le Parlement examine le budget de la Sécu, notre journaliste détaille les travers de la tarification à l’activité. Une problématique qu’elle a étudiée en Bretagne pour l’enquête sur l’effondrement de l’hôpital qu’elle cosigne avec Caroline Trouillet.

Le projet de loi de finances de la Sécurité sociale pour 2026 (PLFSS) poursuit sa navette. Après l’adoption d’une version largement remaniée par le Sénat, la commission mixte paritaire réunie mercredi 26 novembre s’est rapidement conclue sur un désaccord. L’Assemblée nationale reprendra donc la main dès ce mardi, dans l’hémicycle.
Si la suspension de la réforme des retraites a retenu toute l’attention médiatique, le texte porte également sur le financement de l’hôpital.
Dans la version initiale du PLFSS, l’enveloppe de l’objectif national de dépenses d’assurance-maladie (Ondam) devait augmenter de 1,6 %. Un niveau historiquement bas, alors que l’évolution « naturelle » des dépenses de santé est évaluée à 4 %, en raison notamment du vieillissement de la population et de l’augmentation du nombre de malades chroniques.
Début novembre, le gouvernement a consenti une rallonge de 1 milliard d’euros partagée entre les établissements hospitaliers (850 M€) les maisons France Santé (150 M€). Si la Fédération hospitalière de France a exprimé un « soulagement » et les directeurs de CHU un « geste positif », les syndicats CGT, FSU et Solidaires considèrent que le compte n’y est toujours pas. Dénonçant des mesures « irresponsables », ils appellent à la mobilisation ce 2 décembre.
Les syndicats de médecins libéraux annoncent quant à eux une série d’actions qui pourrait culminer par un « mouvement de grève sans précédent à partir du 5 janvier ».
La tarification à l’activité remise en cause, mais reconduite
« On a l’impression que la volonté de faire des économies prend le pas sur tout le reste, observe Isabelle Jarjaille. Pourtant, beaucoup de gens remettent en cause ces principes. La Cour des comptes, l’Inspection générale des affaires sociales ou le Sénat remettent en cause la tarification à l’activité, des personnalités politiques disent qu’il faut arrêter, mais on n’arrive pas à passer le cap. »
La journaliste spécialisée dans la gestion des services publics et de son impact sur les finances appelle à sortir de l’urgence pour comprendre les causes structurelles.
« Sur le PLFSS 2026, on est complètement coincés car on ne regarde que cette histoire de suppression des dépenses. Or, supprimer la tarification à l’activité, c’est aussi assumer une augmentation des dépenses. Pas sur tout, mais sur certains postes sur l’hôpital public, oui. »