« Pour enquêter, il faut passer à travers les ronces », Morgan Large sur RCF Bretagne Sud
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« Pour enquêter, il faut passer à travers les ronces », Morgan Large sur RCF Bretagne Sud

Glomel

Episode description

Morgan Large a reçu Claire Le Parc, journaliste pour RCF Bretagne Sud, à Glomel, dans le sud des Côtes-d’Armor, pour un épisode de l’émission « Sur ma route », diffusé le 7 janvier 2025.

À travers un champ de maïs, parfois interrompues par le bruit de camions venus faire le plein de minerais, elles ont discuté de la carrière d’andalousite exploitée par la multinationale sur la commune centre-bretonne. Ex-Glomeloise, un temps élue municipale d’opposition, Morgan a co-signé pour « Splann ! » une enquête portant notamment sur les pollutions engendrée par cette exploitation minière, parue fin 2024.

La mine d’Imerys contamine la réserve naturelle de Glomel

Au cours de cette balade portrait, la cofondatrice de « Splann ! », présentatrice de La Petite lanterne sur Radio Kreiz Breizh (RKB), se livre aussi sur son propre parcours.

« Je suis née sur une ferme, j’ai fait pas mal d’éducation populaire et aussi de la philo, rembobine Morgan. Je suis de nature curieuse. Je suis aussi ornitho amateur. Je constate qu’entre la campagne des années 1980 et maintenant, il y a beaucoup de choses qui ont changé et ça m’impacte. J’ai un métier où j’ai le droit d’être curieuse, de chercher, de poser des questions. Il faut en profiter, partager ce qu’on trouve avec les autres. »

Cette volonté d’aborder les sujets qui fâchent, souvent liés à l’industrialisation de l’agriculture, l’a confrontée à des représailles.

« J’ai fait perdre des aides de mairies à ma radio après des sujets sur l’agroalimentaire. De fait, on s’est dit qu’il fallait créer un média totalement indépendant des subventions et de la pub, financé par des dons. Des citoyens nous aident à produire une information libre et gratuite. »

En 2021 puis en 2023, les menaces se sont transformées en actes. Après sa mise en avant par le documentaire de France 5 « Bretagne, une terre sacrifiée », Morgan a notamment subi deux déboulonnages de roues, pour lesquelles le ou les coupables n’ont pas été identifiés.

« On a cherché à ce que je me taise. Il y a eu enquête puis un non lieu, parce qu’il n’y avait pas de preuve. Puis pas de réouverture d’enquête malgré la réitération des faits. Ça me chagrine quand même. On se dit qu’il y a une certaine impunité à inquiéter des gens. Donc on se donne de la force en travaillant en collectif. »

Si Morgan poursuit son métier, en amoureuse de la radio convaincue de son intérêt pour la société, elle reconnaît avoir été fragilisée par ces attaques, tant moralement que financièrement. Elle a renforcé les mesures de précaution en cachant sa nouvelle adresse et rappelle que toute la profession ne roule pas sur l’or, loin s’en faut. « Il faut sortir du mythe du journaliste », exhorte-t-elle.

Arrivée aux limites du champ, l’enquêtrice y voit une belle image. « Pour réaliser une enquête, il faut aussi rentrer dans des fourrées, broussailler et passer à travers des ronces. »

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