« Le terrain est la meilleure réponse à la désinformation », Pierre-Yves Bulteau sur Radio Trégor Goëlo
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« Le terrain est la meilleure réponse à la désinformation », Pierre-Yves Bulteau sur Radio Trégor Goëlo

Guingamp

Episode description

Morgan Large a reçu Pierre-Yves Bulteau lors de l’émission inaugurale de Radio Trégor-Goëlo (RTG), annexe de Radio Kreiz Breizh (RKB), le samedi 14 juin, depuis le studio installé à Ti ar vro, à Guingamp.

Morgan Large et Pierre-Yves Bulteau, lors de l’émission inaugurale de Radio Trégor Goëlo, le samedi 14 juin, à Ti ar vro Gwengamp.

Au cours de cet échange à bâtons rompus qui hésite entre le « tu » et le « vous », les deux journalistes font le point sur l’évolution de « Splann ! », qu’ils ont participé à fonder en 2020, à la sortie du premier confinement.

Médias bilingues, en français et en breton, RKB et « Splann ! » partagent depuis deux ans le même bureau à Ti ar vro Gwengamp. L’implantation dans la ville sous-préfecture au taux de pauvreté le plus élevé de toute la Bretagne est un choix résolu et réfléchi pour les deux rédactions.

« Le terrain, c’est la meilleure réponse à tout ce qui se passe aujourd’hui parce qu’on est en contact direct avec les enjeux premiers que vivent les gens, constate Pierre-Yves Bulteau, ancien de Là-bas si j’y suis, sur France Inter. J’ai travaillé plus de dix ans à Paris et même si tu veux rester connecté, dans l’intra-muros, avec le salaire et le réseau que tu as, tu finis vite par ne plus t’intéresser à ce qui se passe au-delà du périphérique. »

Or, la concentration des médias, le fort taux de défiance envers les journalistes et les suppressions massives d’emplois alimentent un cercle vicieux qui ronge également le contrat social, en France.

« Guingamp et la ruralité, ce ne sont pas des gros mots, insiste Pierre-Yves Bulteau, qui intervient depuis plus de quinze ans à l’IUT de journalisme de Lannion. Ce sont des lieux primordiaux pour faire du journalisme. C’est là où sont les paroles et les sujets. Aux États-Unis, les radios locales dites communautaires ont disparu et c’est l’avènement - deux fois - de Donald Trump et de son populisme libertarien le plus fou. C’est Elon Musk, etc. Le local c’est aussi un rempart. Quand tu fais émerger ces paroles-là, elles finissent par grimper l’escalier de notre pays jacobin et mettent en place des systèmes que des milliardaires et les gouvernements veulent empêcher. »

Pour contrer la désertification de l’information, « Splann ! » participe à la structuration d’un écosystème de médias indépendants, souvent tournés vers l’enquête, mais pas seulement.

« Ce qui est intéressant, c’est qu’il s’agit de médias créés par des journalistes qui s’inscrivent sur des territoires. Ils servent à faire émerger des paroles qu’on n’entend plus, des combats qu’on dirait perdus d’avance. Ils servent aussi de remparts idéologiques et intellectuels car c’est aussi porter une vision de la société, par exemple sur des combats féministes, intersectionnels, etc. Sur des sujets locaux. Car c’est aussi à Guingamp que ça se joue, pas seulement à Paris. »

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