Un entretien dirigé par Julie Rolland pour RCF Bretagne.

Un entretien dirigé par Julie Rolland pour RCF Bretagne.
Julie Lallouët-Geffroy, journaliste pour Splann !, était la grande invitée de Julie Rolland, mardi 24 juin 2025, sur RCF Bretagne, quelques jours avant la fête d’anniversaire de notre média, à Châteaulin.
L’histoire de notre média d’enquête à but non lucratif, son indépendance économique, son bilinguisme, ses engagements pour la liberté d’informer, l’importance de la proximité, ses procédures-bâillons, ses nouveaux projets… Cet entretien retrace cinq ans d’une aventure éditoriale hors du commun.
« On est parti d’une structure avec énormément de journalistes bénévoles, se souvient Julie Lallouët-Geffroy. On a embauché deux personnes, puis deux autres personnes. Nous sommes une rédaction qui s’agrandit par le financement des citoyens et des citoyennes. La force que l’on a, c’est cette indépendance. On n’a pas de sujet tabou, pas d’angle mort dû à un conflit avec un des financeurs. »
De nouveaux terrains d’enquête
Ce développement a permis d’élargir le spectre des thématiques abordées. Si les questions liant agriculture, industrie agroalimentaire et environnement restent centrales, Splann ! s’est par exemple intéressé à la bétonisation du littoral. « Le point commun reste de servir l’intérêt général et de savoir ce qui irrigue l’avenir de la Bretagne », souligne notre journaliste.
Le média signe régulièrement des tribunes ou participe à des mobilisations, comme lors de la signature de la Charte de Marseille sur l’information et les migrations, en mai dernier.
« Nous sommes dans une logique de réseau, nous ne sommes pas un média tout seul perdu au fin fond de la Bretagne. On s’inscrit en lien avec d’autres médias locaux comme nationaux. C’est pour ça qu’une atteinte à la protection des sources ou un journaliste incarcéré à l’étranger nous touchent aussi. Ce n’est seulement défendre des collègues, c’est défendre le droit à l’information, qui est un des fondements de la démocratie. »
Splann ! peut lui-même faire l’objet de pressions ou de menaces. La plainte en diffamation déposée par le président de l’interprofession porcine, Philippe Bizien - procédure annulée par la chambre de l’instruction de la cour d’appel de Rennes début juin - l’illustre bien.
« On travaille toujours ensemble et on a toujours quelqu’un à qui en parler. Ça permet de se défendre de façon beaucoup plus pertinente et ajuste selon la situation », souligne Julie Lallouët-Geffroy. L’ONG journalistique a pu bénéficier du soutien de ses lectrices et lecteurs, qui ont réuni plus de 60 000 € de dons en quelques jours, pour sortir renforcée de cette épreuve.
Une logique d’impact affirmée
En plus de ses partenariats de diffusion avec des médias qui accroissent la portée des enquêtes, Splann ! a expérimenté des collaborations avec des consortiums comme Lighthouse Reports.
« L’exemple de l’enquête sur les lobbies agricoles en 2024 nous a permis de dézoomer à l’échelle européenne pour comprendre des enjeux généraux et de voir les techniques de travail d’autres collègues. »
Pour pousser plus loin sa logique d’impact, Splann ! compte augmenter la production de vidéos originales, de podcasts, y compris de lectures d’enquêtes, et de livrets papier. Et bien sûr continuer de participer à des événements… ou les organiser.
« Ce qu’on veut c’est d’être en contact direct avec le public, résume Julie Lallouët-Geffroy. Pour se faire connaître, montrer qu’on est accessibles, rencontrer des sources potentielles, mais aussi montrer comment se fabrique un média. »